« Il m’arrive de penser au travail le soir » : les cadres, victimes du « syndrome du vase qui déborde »

« Il m’arrive de penser au travail le soir » : les cadres, victimes du « syndrome du vase qui déborde »

CHARGE MENTALE – Une nouvelle étude Ifop-Mooncard explore la charge mentale professionnelle, chez les cadres, qui a d’énormes conséquences sur la sphère personnelle.

 

Vous arrive-t-il de penser au travail le soir ? Comme si votre journée de travail débordait chez vous ? Sans doute. Si la vie privée s’invite au bureau, le travail déborde aussi sur notre vie privée. Et l’empoisonne. L’institut Ifop et Mooncard, une solution de paiement, explorent dans une étude publiée ce mercredi la charge mentale professionnelle, notamment chez les cadres.

Le constat est clair : le travail s’immisce, déborde désormais partout dans notre vie privée : 95% des cadres pensent à leur travail le soir à la maison (dont 60% « souvent »), 94% le week-end, 62% en faisant du sport, et même… en faisant l’amour, pour 20% des cadres sondés. Toutes les catégories de population sont touchées, même les jeunes, souvent décrits comme moins engagés dans l’entreprise. Les provinciaux sont autant concernés que les Parisiens (respectivement 60% et 59%) et les cadres du public un peu plus que ceux du privé (67% contre 59%).

 

Les salariés ayant des enfants encore plus concernés que les autres

Sans surprise, le fait de penser au travail le soir est corrélé avec un niveau de stress ressenti. 85% des salariés « souvent » stressés dans leur vie professionnelle pensent « souvent » au travail le soir. Le fait d’avoir une famille n’aide pas à changer les idées, au contraire. « Ceux qui ont deux enfants ou plus sont beaucoup plus nombreux à songer souvent au travail pendant le week-end que ceux qui n’en ont pas (65% contre 47%) », indique l’étude, qui explique cela par le fait que les parents sont contraints – davantage que les autres – d’anticiper leur semaine de travail à venir en jonglant avec les contraintes familiales prévisibles ». Le sport n’est pas non plus une occasion de déconnecter, et le travail impacte les relations sexuelles : 50% des cadres rentrant le soir la tête farcie avouent penser « très souvent » au travail durant leurs ébats amoureux. Et  72% reconnaissent des tensions (de temps en temps ou souvent) avec leur conjoint ou avec des proches en raison du stress au travail.

Un constat alarmant, estime l’étude, dont les causes sont assez claires : « Les cadres confient de façon quasi-unanime être victimes d’un phénomène structurel de trop-plein », indique l’étude. « Comme un vase qui déborderait, leur journée de travail ne leur permet tout simplement plus de faire face à leurs obligations, ils sont dès lors condamnés à importer à la maison les sujets rencontrés au bureau ».

 

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 La saturation se fait à tous les niveaux : trop de travail, trop de choses à faire à la fois, trop de mails. La charge de travail semble s’être en effet alourdie : 81% des cadres affirment qu’ils ont « globalement plus de choses à faire qu’il y a quelques années », « un niveau ultra-majoritaire qu’on retrouve chez les Parisiens comme les Provinciaux, les jeunes comme les séniors, les hommes comme les femmes, les salariés de petites comme de grandes entreprises « , précise l’étude qui voit là un « phénomène universel ».

77% des personnes interrogées jugent qu’elles ont « trop de tâches à gérer en même temps ». Sont spécialement pointées du doigt les contraintes internes comme la gestion des mails, la fréquence des réunions, les obligations de reporting (59%), et les charges administratives, comme la gestion des notes de frais (41%), la gestion de la rémunération (salaire, prime, épargne salariale), la santé (visite médicale, sécurité sociale, mutuelle)ou encore les congés (demande, délai d’attente, accord, répartition entre collègues).  Enfin, les cadres saturent, croulent sous les messages électroniques. Les jeunes ne sont pas plus tolérants : 66% d’entre eux estiment qu’ils reçoivent trop de messages.  Bref, une impression de saturation telle que 80% des cadres ont l’impression qu’ils ne vont pas s’en sortir.

 

Un « cocktail explosif »

Le problème est que cette « charge mentale professionnelle », est souvent considérée comme le tribut à payer pour un poste à responsabilité. Mais ce tribut est bien lourd. « Le fait de (trop) penser à son travail est à la fois le symptôme et la cause de dysfonctionnements sévères dans la vie personnelle et familiale », indique l’étude. Cela a des conséquences sur la santé, notamment sur le sommeil, très perturbé.

Le concept de charge mentale prend ici tout son sens : indépendamment de la quantité de travail, le simple fait de devoir y penser en dehors des horaires de bureau génère une (forte) insatisfaction vis à vis de son équilibre de vie global », note l’étude, qui avertit : cette charge mentale professionnelle, venant souvent s’ajouter à la charge mentale domestique, tout cela formant un « cocktail explosif pour la santé et celle de la famille ».

 

Source: LCI.fr

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