Parler de ses échecs, c’est tendance !

Parler de ses échecs, c’est tendance !

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Dans la culture française, parler de ses échecs ne va pas de soi, loin de là. Echec scolaire, personnel, ou professionnel… le mot, presque tabou, fait peur, particulièrement chez les entrepreneurs. En parler, n’est-ce pas déjà se porter la poisse ? Pourtant, l’échec fait partie de la vie de nombreuses startups. Trois jeunes sociétés sur dix cessent leur activité avant leur troisième anniversaire, selon une étude de l’INSEE parue en 2013.

Pour aborder ce sujet délicat, un mouvement est né à San Francisco en 2009, celui des FailCon. Il s’agit d’un format de conférence qui dure une soirée ou une après-midi pendant laquelle des entrepreneurs, mais pas que (les artistes, sportifs, etc sont les bienvenus …) racontent une histoire personnelle d’échec. Le concept a été importé en France en 2011 par Roxanne Varza, responsable de l’audience startup chez Microsoft France, qui a organisé plusieurs FailCon à Paris, et notamment une en direct live du ministère de l’Economie à Bercy en 2014 !

FailCon + Blablacar + startup + Frédéric Mazzella
Hannah Meiton, de la startup suédoise iZettle, et Frédéric Mazzella, le cofondateur de Blablacar lors de la FailCon au Ministère de l’Economie en avril 2014.
Olivier Ezratty

Mi-TedTalks, mi-table ronde

Les FailCon ont ensuite essaimé dans toute la France et, coïncidence amusante, les deux prochaines auront lieu le même jour : jeudi 17 septembre à Lyon et Montpellier. Ces événements, mi-Ted Talks, mi-table ronde, réuniront un large public : 200 personnes sont attendues dans la capitale des Gaules et 100 personnes dans le Sud. Identifier des entrepreneurs capables de prendre la parole sur ce sujet n’a pas été une mince affaire. “Ils ont parfois du mal à parler d’échec parce que cela évoque des souvenirs douloureux ou parce qu’ils ont peur de l’image renvoyée. Mais aussi parce que l’échec implique forcément d’autres personnes (associés, partenaires…). Un peu compliqué à aborder dans un écosystème où tout le monde se connait”, note Bernabé Chumpitazi, l’un des organisateurs de la FailCon lyonnaise.

Les histoires des intervenants qui acceptent de mouiller leurs chemises ou tee-shirts sur scène, permettent de dédramatiser l’échec. Bien sûr c’est douloureux, mais on y survit. Parfois, c’est même un élément déclencheur. Comme pour Frédéric Salles, le cofondateur de Matooma qui viendra raconter à Montpellier comment il a par deux fois échoué à lancer son business de cartes SIM pour objets connectés au sein des entreprises où il était salarié. Après un licenciement et six mois de dépression, il décide de se lancer de son côté : “pour moi, l’échec a été un bon coup de pied qui m’a fait aller de l’avant”.

Eviter de refaire les mêmes erreurs

En plus de rassurer les futurs entrepreneurs et de les aider à relativiser la possibilité (et la gravité) d’un échec, l’objectif des FailCon est aussi de permettre le partage d’expérience. “Parler de ses erreurs permet d’aider les autres entrepreneurs à ne pas refaire les mêmes”, explique Roxanne Varza. Une analyse partagée par Bernabé Chumpitazi : “Ce n’est pas juste une conférence inspirante, elle peut se traduire de manière très opérationnelle !” Les FailCon intéresseront donc à la fois les entrepreneurs chevronnés et ceux en devenir.

Pour ces derniers, la FailCon de Lyon va d’ailleurs s’attacher à décrypter les ressorts derrière la peur de l’échec. De quoi a-t-on peur avant de se lancer ? De la liquidation judiciaire ? “ Il y a des problématiques personnelles, qui sont souvent plus importantes que de perdre deux ans et 20.000 euros d’économies, du style : j’ai peur que ma femme me voit comme un loser si j’échoue et qu’elle me quitte ou j’ai peur de ne plus être employable”, relate Bernabé Chumpitazi. Et là aussi, en mettant ces peurs en pleine lumière, on dédramatise la situation et on encourage peut-être des entrepreneurs en herbe à prendre le risque de se lancer…

Tiens, d’ailleurs, vous avez remarqué ? En français on dit “prendre un risque” et en anglais “take a chance”… A défaut de changer le dictionnaire, les FailCon peuvent déjà commencer à s’attaquer aux mentalités !

 

Source : https://start.lesechos.fr/entreprendre/actu-startup/parler-de-ses-echecs-c-est-tendance-2219.php

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